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jeudi 21 février 2013

Les 5 fautes de Nicolas Sarkozy (par JP Raffarin)



J’ai beaucoup apprécié le constat très dur de Jean-Pierre Raffarin sur les cinq erreurs majeures de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. Enfin une voix à droite qui donne un éclairage franc et clair sur les fautes de la droite, qui a mine de rien offert tous les pouvoirs (tous) à la gauche.
Il se trouve que je partage grandement l’analyse de Jean-Pierre Raffarin : j’ai modestement exprimé mon avis depuis 2009 sur cette dérive qui, pour moi ne pouvait amener que la perte du pouvoir, et l’éloignement de la droite avec son électorat (et plus généralement avec ceux qui votent… et quand ceux qui votent s’éloignent de toi, tu as beaucoup plus de mal à être élu..)

Voilà ce que Raffarin considère être les 5 fautes de Nicolas Sarkozy.

Il n'a pas osé changer de premier ministre à l'automne 2010, ce qui lui aurait permis "d'enclencher une dynamique nouvelle".

Lorsque François Fillon a été reconduit en automne 2010, j’étais plutôt satisfait. Avec le recul, il est clair que j’ai fait une dramatique erreur d’analyse.
La « dynamique nouvelle » aurait-elle été néanmoins suffisante ? Sans doute oui si elle avait permis un recentrage, et de mettre en avant des gens sérieux. Laisser la parole à des Copé, des Guéant, des Morano, des Dati ou des Hortefeux était une hérésie.

Maintenant à cette époque-là, Michelle Alliot-Marie était toujours poids lourds du gouvernement. Et lorsque Claude Guéant est arrivé ministre de l’intérieur, cela pouvait annoncer quelque chose de positif. On a vu la suite…

Il a perdu le centre par une stratégie de droitisation démarrée en juillet 2010 avec le discours de Grenoble, exacerbée entre les deux tours de la présidentielle. L'exacerbation des tensions a tué l'idée même de rassemblement inhérente à la fonction présidentielle.

N’en déplaise à « la vraie droite » (ou celle qui se considère comme telle), je pense que cette analyse est assez juste.

Je pense que  les élections présidentielles se gagnent au centre. L’électorat extrême permet éventuellement de faire la bascule au premier tour. Mais ensuite, il faut rassembler, au-delà de son propre camp. Souvent rassembler en donnant l’impression que l’autre est plus diviseur, plus « dangereux ».
Par exemple, je pense qu’en 2007, l’attitude de Ségolène Royal a fait que beaucoup se sont réfugiés dans un vote Sarkozy, sans doute plus rassurant. Y compris à gauche de Sarkozy et de l’UMP.

On peut se moquer de la stratégie de campagne du centre. Mais force est de constater que peu de voix ont manqué à Nicolas Sarkozy en 2012. Une campagne moins clivante et plus rassembleuse n’aurait pas conduit Marine Le Pen et le Front National à avoir une attitude pire vis-à-vis de Sarkozy. Eux qui ont intérêt à ce que la droite républicaine soit la plus faible possible.
Au final, Nicolas Sarkozy n’a peut-être rien gagné de plus à sa droite. Il a perdu à sa gauche. Et Hollande a gagné…

Pour préciser ma pensée, cette dernière n’a rien d’angélique. Jean-Pierre Raffarin met le discours de Grenoble comme un départ et un préalable, mais personnellement ce discours ne m’a jamais choqué ni horrifié. De même que je n’ai jamais été choqué et outré lorsqu’il promettait de « passer certains quartiers au karcher ».
Ce qui me choque et m’outre, c’est cette délinquance insupportable, c’est la violence dans certains endroits, c’est de voir les hausses des cambriolages dans nos contrées. C’est de voir hier soir deux policiers perdre la vie dans une course avec un délinquant, qui aujourd’hui est un criminel. C’est de voir qu’à côté d’Avignon, ceux sont des gamines qui volent des bijouteries, quand ceux ne sont pas des petits cons qui foutre le bordel en centre ville. 

Et pour aller plus loin, ce qui m’emmerde, c’est que la droite au pouvoir (que j’ai en grande partie soutenu) a fait de la parole, beaucoup de parole. Mais les actes et les faits sont là : les résultats en matière de lutte contre la délinquance ont été mauvais.

Son exercice solitaire du pouvoir et de la campagne l'a conduit à s'isoler et à s'illusionner sur ses chances de victoire : "Les comités de campagne étaient un salon convivial où le chef exposait sa stratégie et commentait ses performances".

Sans doute. Je n’y étais pas, je n’ai aucun avis sur la question.

Nicolas Sarkozy a raté le débat télévisé de l'entre-deux-tours en se positionnant comme un challenger, et non comme un président : "Peu de respect pour son adversaire, peu de considération pour ses arguments, peu de distance avec la pression, pas d'humour, pas assez de hauteur, ce débat était un combat bien peu présidentiel".


Je suis totalement d’accord avec Jean-Pierre Raffarin. Et d’une manière générale, j’ai trouvé que Nicolas Sarkozy ne s’est pas comporté en président sortant durant la campagne présidentielle, qu’il a manqué de hauteur et d’une certaine dignité.
J’avais critiqué « la campagne à la salaud » de l’UMP. Quelque part, Nicolas Sarkozy s’est mis à ce niveau-là. Dommage.

Il "a fait cadeau du Sénat" à la gauche par "des investitures sénatoriales absurdes, une réforme territoriale mal portée par le gouvernement, une réforme de la taxe professionnelle improvisée" et "une désinvolture permanente vis-à-vis de la Haute Assemblée".

Je suis totalement d’accord avec Jean-Pierre Raffarin. Il y a eu, pendant un moment, une période ahurissante durant laquelle les élus locaux étaient brocardés, voire insultés, par l’UMP officielle et par ses militants. Une période où ce projet hallucinant de réforme territoriale rendait l’horizon totalement obscurci pour ceux qui tenaient les exécutifs locaux. Je ne parle pas de la suppression de la taxe professionnelle, qui a été menée de manière totalement amateur et dogmatique.
Expérience personnelle : le vice-président de communauté de communes que je suis a vécu un mandat où tous les 6 mois les consignes préfectorales étaient diverses et contradictoires. On a pu continuer à travailler, mais dans un cadre complètement opaque. C’était du grand n’importe quoi.

Au final, les élections sénatoriales ont été perdues. C’était bien marrant pour certains de prendre les élus locaux pour des cons : la sanction a été radicale.
L’élu local peut être traité de tous les noms. Le mépriser n’est peut-être pas la meilleure manière de préparer une réélection quand on est tout en haut à Paris. Et force est de constater que le mépris a été fort, très fort…

"Si une seule de ces cinq occasions avait été saisie, la victoire eut été possible".

Sans doute. Je ne sais pas. Mais au final François Hollande a été élu avec une marge assez faible par rapport à ce qu’on aurait pu prédire plus tôt.
Mais bon, avec des « si » Ségolène Royal aurait été élue en 2007, j’appellerais ma tante « Tonton » et les lasagnes seraient avec de l’âne et du cochon. Nous n’en saurons rien.

Par contre, en tant qu’électeur de droite, je suis assez content que commence un réel « devoir d’inventaire », avec des points précis qui peuvent être discutés. Je suis un peu surpris que Jean-Pierre Raffarin ai ensuite soutenu Jean-François Copé, qui incarne toutes les erreurs de ce que fut le pire du sarkozysme. Ce n’est qu’un détail.
Mais si la droite républicaine ne montre pas un peu d’objectivité et de lucidité sur le mandat précédent et ce qui a causé sa défaite, la reconquête risque de ne pas être pour demain. Je trouverais ça dommage, et un peu dramatique…

Si ces réflexions peuvent permettre une reconstruction de la droite républicaine, en vue d’une reconquête du pouvoir, ça m’irait parfaitement…

samedi 3 mars 2012

Pas toujours le temps d'aimer ceux qui nous aiment...

Jean-Pierre Raffarin a écrit un livre. Il y a un petit extrait dans les brêves du Point de cette semaine.

Il parle d'un tête à tête avec Nicolas Sarkozy, où Raffarin lui aurait conseiller : "aime un peu ceux qui te soutiennent". Réponse du Président : "Je n'ai pas toujours le temps...".
Je trouve la réponse du Président à la fois belle, pathétique, et résumant bien ce qui peut en partie expliquer la froide distance qu'il y a entre Sarkozy et une grande partie du centre et de la droite républicaine...

Cette anecdote est bien loin de l'analyse politique fine... On est plus dans le bisounours cucu la praline de la politique dure, caricaturale, parfois mensongère. Et il n'y a strictement aucune conclusion à en tirer.

Mais je trouvais la phrase suffisamment marquante, peut être jolie, pour en écrire un billet en ce gris et brumeux samedi matin de Mars...