jeudi 19 février 2015

Nous sommes peu de choses...

En arrivant au boulot ce matin, un collègue m'a appris qu'un autre collègue était mort hier soir d'une crise cardiaque. Je ne crois qu'il avait atteint ces 50 ans, ce collègue... Je lui avais serré la main hier, il avait l'air d'aller bien. Et aujourd'hui, il n'est plus.
C'est un morceau de vie comme il en existe des tonnes. Il ne mérite pas de commentaires. Il ne mériterait pas un billet. Sauf qu'il m'a touché, ce morceau de vie. 
Ce blog a l'audience qu'il a, et ses billets n'ont pas pour but de changer la face du monde. Mais c'est le mien, et j'ai envie d'écrire les billets qui me touche. Ce soir, avant d'aller au lit, j'avais envie d'écrire ce truc qui m'a touché...

La mort soudaine de mon ami maire en 2010 m'a profondément marqué. C'était la première mort soudaine d'un proche à laquelle j'étais confronté. A 21 heures le vendredi soir, je buvais des whiskies avec lui pour fêter la fin des fêtes de la Saint Valentin dans mon village. Et le matin à 7 heures, une amie adjointe me réveillait pour m'annoncer que mon ami était mort. Cela m'a changé à jamais.
Depuis, j'ai eu un papy et un tonton qui sont morts. Une amie de mon école qui est morte. Deux amis proches ont perdu leur père. J'ai appris par la bande des morts de pleins de gens, plus lointains. Mais jamais aucune ne m'a marqué autant que celle de mon ami en 2010, qui me manque tous les jours. 

Qui n'aura pas connu mes enfants, alors que c'était un peu mon deuxième papa. Il me manque tous les jours.

Ce soir, quand je suis arrivé, j'ai pris mes deux bébés dans les bras. Le plus petit d'abord, car c'est lui qui m'a ouvert. Et le deuxième, qui usait ma Chromecast en regardant Tchoupi (et Doudou, ils sont rigolos comme tout)
Je sais que mon collègue mort a des enfants. Ils ne reverront plus leur papa. J'ai l'immense chance d'avoir encore le mien : nous nous parlons peu parce que nous sommes deux caractères pudiques, mais je sais la chance que j'ai de l'avoir. Et d'avoir mon beau-père aussi. Mes bébés ont leur deux papys et leurs deux mamies, et c'est formidable.

Ce soir, j'ai pris mes bébés. J'espère être là encore pour eux pendant longtemps. Et qu'ils aient leurs papys et leurs mamies un bon moment... 
Mais je sais que nous sommes peu de choses. Et qu'en une minute tout peut basculer. Et ça me fout une peur qui ne peut pas s'écrire... 
Les mots existent sans doute pour parler de cette peur, et de la boule dans la gorge qu'on avait tous ce matin au boulot. Ils existent, mais encore faut il savoir les trouver, et les utiliser.

Un billet qui ne sert à rien. Mais tant pis...

Photos de Saint Hilaire Cusson la Valmitte, Roquemaure et Montfaucon... Photos de chez moi.

10 commentaires:

  1. Si, ce billet est utile, il nous rappelle que le vie est belle et, nous sommes peu de choses.

    Amitiés.

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  2. toute ma sympathie , perdre un ami , un père d'adoption c'est encore plus dur que ses vrais parents
    je suis passé par là

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    1. Je ne comparerai jamais. J'ai encore mes vrais parents, pendant longtemps j'espère. Il n'y a jamais à comparer les douleurs de perdre quelqu'un qu'on aime, un parent, un ami, un proche...
      En tous cas je ne compare pas.

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  3. Je ne suis pas sur que nous soyons "peu de choses".
    Regarde, ton ami qui vient de décéder et puis ceux dont tu nous parles. Ils continuent un peu d'exister à travers le partage que tu viens de faire avec nous. Nous n'avons surement jamais rencontré ceux dont tu nous parles mais quelque part nous savons qu'ils ont existé et qu'ils ont compté pour quelqu'un.
    Et puis avec le temps, il nous reste les photos qui ravivent leur flamme pas complètement éteinte et les lieux où tu les as rencontré sont toujours là. Leurs corps ne sont plus là mais à travers toi, leur esprit continue à vivre.

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    1. C'est sur qu'on existe toujours de part le souvenir que l'on a laissé.

      Mais la fragilité de l'être humain, c'est incroyable...

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  4. Je vais te déprimer : plus tu vieilliras, plus tu enterreras des collègues (ça mériterait un billet de blog, tiens ! Ce n'est pas mathématique, mais en vieillissant tu connais de plus en plus de monde). Il faut se détacher de ça, même si c'est odieux à dire.

    Donc beau billet. Tu as tes enfants...

    (c'est un peu le hasard mais je suis un "pro" des enterrements de collègues, donc un peu blasé, mais c'est le hasard).

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    1. Tu as raison Nicolas, je me suis fait à cet idée en 2010. J'ai été confronté à la perte de proche finalement assez tard.

      En 2013 et 2014, j'ai eu l'impression de passer mon temps au cimetière...

      Maintenant oui, se détacher c'est pas odieux. C'est sans doute obligatoire. Le show must go on disait le philosophe...

      Merci

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    2. Je me faisais la même réflexion que Nicolas il n'y a pas si longtemps.
      Au plus j'avance, au plus je perds de gens en route. Encore un de nos jeunes collaborateurs qui s'est pendu il y a quelques semaines. Les parents, frères, sœurs de l'un ou l'autre collègue. Je passe mon temps dans les églises et les cimetières depuis un moment.
      J'ai le bonheur d'avoir été pour l'instant épargné par des deuils plus proches. Mais pour combien de temps encore ?
      On ne peut pas te laisser dire que ce billet ne sert à rien. Il dit l'amitié, l'amour, la camaraderie que tu avais pour ces personnes. Un billet qui dit que tu es un homme et que plus tu avanceras plus tu auras conscience de l'inéluctable, de la fragilité de la vie. Et pourtant tu vas continuer, continuer pour tes deux gars. Peut-être que de temps en temps tu ne seras pas tout à fait là avec eux, juste un peu parti dans le vieux temps. Parti rendre une visite aux disparus.
      Tu reviendras peut-être faire un tour par ici, c'est aussi pour ça qu'on écrit ces billets là.

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