mercredi 18 juillet 2007

Mourrir sur son lieu de travail, ep 2

J'ai été touché par les témoignages de mes amis de net sur mon dernier post. Diverses expériences, mais une souffrance qui se ressemble. Et qui ammène, pour certains, à un défaitisme total, un pessimisme sur ce qui est le travail. Plus un lieu où on s'épanouit, mais comme on dit, "il faut bien travailler si on veut manger".
J'avais parlé de ces jeunes ingénieurs qu'on recrute, qu'on charge comme des mules, à qui on fait des promesses non tenues, et qui, à 25 ans, sont dégoutés, écoeurés, dépités. Parce que pas les dents assez longues pour être pire que le pire. Je trouve cela criminel de démotiver les gens. Je pense qu'il y a des actions à mener, mais c'est une autre discussion.

Non, déjà hier je ne rigolais pas en écoutant les infos. Peugeot. Là, on quitte l'asphalte pour la mer... Mais plus sérieusement, c'est dans mon secteur d'activité. Je ne suis pas salarié d'Areva, mais je travaille dans un grand acteur du nucléaire français. Donc en relation constante avec mes collègues d'Areva. Depuis plus de 6 mois où je suis à mon poste, quittant une entreprise privée filiale d'un grand groupe, je vois combien je suis bien et combien j'ai de la chance.
Tout le monde n'a pas pensé comme moi, puisqu'un nouveau suicide chez un des leaders du nucléaire dans le monde. Hier déjà j'étais touché. Là c'est quelque part dans la famille, ma famille professionnelle. Ca me touche pas plus, mais quand même...

J'aurais pu parler ce soir des syndicats face au projet de service minimum. Y a du talent là, face à un projet en discussion, la grande action : faire grève. On discute, entre parlementaires, entre syndicats et état, mais non, il faut "faire grève". C'est un leitmotiv. Avoir entendu ce soir Aschieri, de la FSU, parler de réunir "les conditions d'une mobilisation de grande ampleur" contre même pas un projet, mais un projet de projet, les bras m'en tombent. Je savais nos syndicats irresponsables et coupables de cette immobilisme criminel puisque responsables de nombreuses fermetures d'usine (chez moi notamment), donc je ne suis pas surpris.
Mais quand, à coté, nous avons des suicides de salariés, je suis franchement écoeuré. Non, je ne mélange pas. Mais je constate que nos syndicats préferent se mobiliser pour leur droit à s'amuser entre Bastille et Nation, plutot que de s'occuper du fléau des conditions de travail.

Je parlerai plus tard de ce que je pense du "service minimum". C'est aussi parce que je suis adhérent à un syndicat, par conviction notamment et par envie de défendre certaines de mes valeurs au sein de l'entreprise, que je suis franchement concerné par ce point. Il est nécessaire que nous ayons des syndicats responsables et efficaces. Ils ne sont actuellement ni l'un, ni l'autre.
Je m'en veux d'avoir passé d'un suicide à une critique personnelle et non argumentée du syndicalisme à la française. Mais entendre ce soir la FSU et la Didier le Reste, le sémillant boss des CGT de la SNCF, défendre leur pré carré, aprés un suicide d'un salarié dans une entreprise mondiale, ça me donne envie d'aller me coucher tôt encore...
Y a du boulot...
Edit 23/07/2007 : Mon copain de net RepBan (que je salue) m'a fait une remarque sur le toujours sympathique DEL. Avoir parlé de "syndicats meurtriers" l'a choqué, et j'attends avec impatience et interet sa réaction, mais je voulais quand même répondre sur mon blog avant son commentaire.
Je comprends facilement pourquoi Rep a pu penser que j'accusais les "syndicats de meurtre", ce qui est bien sur totalement faux. Je pense que je me suis mal exprimé. Localement (un grand local), je pense que certains syndicats sont coupables d'avoir "tué" (verbe malheureux j'avoue) l'emploi. D'avoir été co-responsable, par des actions répétées et malheureuses, de délocalisation. Pas les seuls responsables, évidemment. Mais rien n'a été fait pour améliorer les choses, en particulier la condition des travailleurs, et leur emploi.
Je pense que les syndicats doivent être responsable et raisonnable. Se battre pour défendre le droit de faire grève, et mettre toute son énergie dedans cette entreprise, à l'heure où les conditions de travail des salariés (cadre et non cadre) sont difficile, cela me parait assez grave. Grave dans le sens où les priorités me semblent mauvaises...
Je suis désolé d'avoir mal été compris. C'est ma faute, je me suis mal exprimé. Et je regrette, mon cher RepBan, que tu ais mal compris mon message. Ecrire mieux et plus clairement, c'est pas mal. Et les commentaires que mes amis et contradicteurs font m'aident notamment à être plus clair dans ma manière d'écrire. Alors vas y l'ami, et égratigne moi si tu penses que je dis non pas des bétises, mais des choses avec lesquelles tu (vous) es en désaccord ^__^

4 commentaires:

  1. Mon cher Falcon,
    Combien je me méfie des gros titres de la presse (surtout en période estivale) des vrai-faux débats fomentés pour laisser pérorer quelques bobos qui pensent detenir les clés de la compréhension du monde en dégustant leur salade au crabe du haut de la terrasse du fouquet's en s'insurgeant contre les conditions de travail en chine , qui n'est rappelons le qu'a moins de 10000 km de leur table d'ascètes garnis...

    AREVA, Peugeot, Renault, d'autres dans des boites anonymes..que savons nous d'eux. certes se suicider sur son lieu de travail est un signe, mais qu'en savons nous ou plutôt qu'en saurons nous noyés dans la masse de l'info dont le gros titre aura disparu avant que l'encre soit seche sur le papier Tel est le drame de l'info en continu. Du drame permanent et plus de recul. Pas de conclusion hatives donc.

    Par contre un suicide me parait beaucoup plus patent et avéré..celui des syndicats et de leur phraséologie d'un autre temps, de leur nostalgie du pouvoir perdu (celui des mouvements de grande ampleur, de la regression sociale,de l'atteinte aux droit de grève, de la rentrée tendue et j'en passe....) Bref d'un discours qui ne parle plus à personne parce que surfait, superfétatoire, destiné aux seuls militants porteurs d'eau du syndicat et mis en phase d'opposition coute que coute et non pas dans une logique de négociation et d'interets communs bien compris.

    Je reste persuadé que si aujourd'hui un service minimum est proposé, c'est à cause des greves à répétition, parfois sans motif crucial qui ne pouvait se résoudre par la négociation, souvent sans projet. La greve à répétition a tué le droit de grève. Dans le libéralisme, on appelle cela "abus de position dominante" et c'est une des rares chose qui sont sanctionnées. Telles sont les grèves dans les transports (et surtout à la SNCF). Des abus de positions dominantes. elles seront sanctionnées. J'en suis triste pour les cheminots qui pairont la facture. Beaucoup moins pour leurs syndicats qui sont la cause de la fracture.

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  2. "on discute entre parlementaires, entre syndicats et état".. vraiment ? si tu suis les débats sur quoi que ce soit les discussions buttent toujours sur : le président l'a dit et les français le veulent. Circulez

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  3. les grèves à répétition : sauf que on s'en plaint maintenant qu'elles sont tout de même beaucoup moins fréquentes et longues qu'il y a une quinzaine d'années

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  4. Serval : j'ai rien à rajouter à ce que tu dis. Je crois qu'entre "syndicaliste" tous les deux, on a une vision à peu pres similaire du role des syndicats, et de la situation actuelle. RIen à rajouter.

    Concernant les suicides sur son lieu de travail, ouaip, nous ne savons rien d'eux. Sinon que pour en arriver 'là', il ne faut pas être en forme...
    Sauf que le geste "sur son lieu de travail", oh je vais faire de la psy à deux francs, semble représenter quelque chose.
    Alors oui, méfiance sur les gros titres de la presse. Mais sur les sentiments des gens au travail, je me revois discuter avec d'anciens camarades de mon ancienne boite, même avec certains de mes collgèues de ma promotion. Le moral n'est pas trés haut.

    @Bridge : je parlerai un autre jour du service minimum. Je trouve simplement que la conjonction de suicide de salarié sur leurs lieux de travail, et le comportement des Le Reste et FSU, sont assez symptomatiques de syndicats qui, pour la plupart, me semble en décallage avec les aspirations des 'travailleurs'.

    Concernant les débats, je suis bien d'accord avec toi. Sauf que sur la forme, il y a des discussions à avoir. Lancer des greves avant même de discuter, je trouve ça irresponsable.

    Enfin, sur les greves en répétitions, je ne juge pas sur la longueur ou la fréquence, je ne sais pas. Que j'ai été victime cette année déjà 3 fois des tribulations de la SNCF aurait tendance, peut être à me donner une vision peu objective de la réalité...
    Et même, si une greve est juste, qu'importe la longueur aprés tout... Ce n'est même pas, dans ce sens là, un "service minimum" qu'il faudrait mettre en place. Mais une éthique réelle, en direction des syndicats qui, pour les plus durs, se professionnalisent dans l'organisation de l'évènement "grève" avant même de discuter. En direction évidemment d'un certains patronat qui mérite parfois des paires de baffes.

    Mais là encore c'était pas mon sujet, et on en parlera plus tard, promis ^__^ (puisque j'ai des choses à dire aussi ^^)

    Bonne journée et merci à vous

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